Une controverse politique majeure est en train de naître à Lens, où la vente historique du stade Bollaert-Delelis, très apprécié, au RC Lens a suscité de vives réactions, en particulier de la part de Bruno Clavet, conseiller municipal de l’opposition et membre du Rassemblement National. M. Clavet a déposé un recours officiel pour bloquer la transaction, déclenchant un débat houleux sur les implications symboliques et financières de la vente.

Un transfert historique… désormais sous le feu des critiques

En mai 2025, la ville de Lens a officiellement voté la vente du stade emblématique Bollaert-Delelis, qui accueille le RC Lens depuis près d’un siècle, au club lui-même pour un montant de 27 millions d’euros. Cette décision, soutenue par le maire Sylvain Robert et une majorité du conseil municipal, a d’abord été présentée comme une opération « gagnant-gagnant » : le club gagnerait une autonomie totale sur ses installations et la ville bénéficierait d’un important coup de pouce financier.

Cependant, tout le monde ne partage pas cet avis. Pour Bruno Clavet, cette vente représente une trahison du patrimoine local et une mauvaise affaire financière pour la ville. À la suite de cette décision, il a déposé un recours en justice visant à annuler la transaction, invoquant des préoccupations liées à l’absence de garanties et à ce qu’il qualifie d’« insulte symbolique » envers les générations de supporters et de citoyens qui considèrent le stade comme bien plus qu’un simple lieu de sport.

« Les garanties pour la ville ne sont pas assurées », a déclaré M. Clavet. « Ce prix de 27 millions d’euros ne reflète pas la valeur réelle du stade, c’est une insulte à la mémoire de ceux qui ont fait de ce club ce qu’il est aujourd’hui. Nous ne sommes pas contre la vente en soi, mais pas à ce prix. Dans l’état actuel des choses, le RC Lens est le seul gagnant. »

Réponse de la mairie : une vision pour le renouveau économique

En réponse, le maire Sylvain Robert a publié un communiqué de presse dans lequel il réfute fermement l’appel de l’opposition, exprimant sa surprise et sa frustration. Il a souligné la légitimité démocratique de la vente, qui a été approuvée par le conseil municipal, et a insisté sur son potentiel pour débloquer le développement dont la communauté a tant besoin.

« Je prends acte de l’appel », a déclaré le maire, « mais cela retarde désormais la signature de l’acte définitif et les mesures concrètes que nous avions prévu de mettre en œuvre pour les habitants de Lens. Nous manquons des opportunités en attendant que le juge administratif se prononce. »

Robert a également défendu le prix de vente et critiqué ceux qui remettaient en question la valeur de l’accord, posant la question rhétorique suivante : « Qui refuserait un investissement direct de 27 millions d’euros dans l’avenir de la ville par un acteur majeur comme le RC Lens ? »

Selon le maire, le produit de la vente est destiné à des fins d’intérêt public, notamment :

Une réduction des impôts fonciers pour les résidents.

Une baisse des frais de cantine scolaire afin d’alléger la charge financière des familles.

Une augmentation des ressources pour la police municipale et la brigade verte.

L’accélération du projet de revitalisation de la place Jean-Jaurès, une place centrale en cours de rénovation urbaine.

Un débat plus large sur l’identité et la propriété

Au-delà des dimensions financières et juridiques, cette controverse a ravivé un débat émotionnel plus profond au sein de Lens : à qui devrait appartenir le stade qui symbolise le cœur et l’âme de la ville ? Pour de nombreux habitants, Bollaert-Delelis est plus qu’une simple infrastructure : c’est un monument à l’identité communautaire, à la persévérance et à la fierté de la classe ouvrière.

Jusqu’à présent, le RC Lens n’a pas répondu publiquement à l’appel interjeté par Clavet. Cependant, le club reste au centre du drame qui se déroule, pris entre les ambitions de modernisation et le poids de la tradition.

Quelle est la suite ?

L’affaire est désormais entre les mains d’un juge administratif, qui déterminera si l’appel est fondé. D’ici là, le processus de transfert est suspendu, retardant les projets de la ville de réinvestir les recettes.

Cette bataille juridique ajoute une couche de complexité à ce qui devait être un accord historique. Une fois la poussière retombée, une chose reste claire : à Lens, le football n’est pas seulement un jeu, c’est un champ de bataille politique et émotionnel.