La crise des droits télévisés continue de secouer le football français et provoque de nouvelles secousses. Cette fois, c’est Joseph Oughourlian, président du RC Lens, qui hausse le ton face à la gouvernance actuelle de la Ligue de Football Professionnel. Sans détour, le dirigeant lensois dénonce un système qu’il juge « défaillant et profondément inéquitable ». Cette sortie médiatique intervient dans un climat de méfiance généralisée, alors que les fondations économiques de la Ligue 1 vacillent encore après l’échec retentissant de la saison passée et les tensions explosives lors de la fameuse réunion houleuse entre présidents de clubs et Vincent Labrune.

La création de Ligue 1+, la chaîne lancée par la LFP pour reprendre la main, a bien été présentée comme une réponse à cette crise. Mais les premiers revenus significatifs n’arriveront pas avant deux ans, un horizon jugé bien trop lointain pour des clubs déjà étranglés financièrement.

Une alliance inédite avec Frank McCourt

L’attaque d’Oughourlian prend d’autant plus de poids qu’elle bénéficie désormais du soutien de Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille. L’homme d’affaires américain a publiquement partagé sa colère :

« On nous avait garanti des niveaux précis de droits TV. Sur cette base, les clubs ont bâti leurs budgets et pris des engagements parfois sur plusieurs années. Ces promesses n’ont pas été tenues, et aujourd’hui, nous en payons tous les conséquences. »

Cette convergence de vue entre Lens et l’OM illustre un malaise profond qui dépasse les rivalités habituelles. Oughourlian révèle d’ailleurs que nombre de présidents partagent en silence cette révolte :

« Beaucoup n’osent pas s’exprimer, mais ils n’en pensent pas moins. »

Une défiance généralisée qui traduit l’ampleur de la crise de confiance entre les clubs et l’instance dirigeante.

Des accusations frontales contre le fonctionnement de la LFP

Le patron lensois est allé plus loin encore en attaquant le cœur même du système :

« La LFP ne travaille pas pour la Ligue, mais pour quelques clubs »,
lâche-t-il, visant implicitement le Paris Saint-Germain.

Une telle critique soulève la question de l’équité sportive et financière d’un championnat à deux vitesses. Oughourlian compare d’ailleurs la situation française à celle d’autres ligues européennes :

« Les championnats qui réussissent sont ceux qui ont choisi plus d’égalité. »

Frank McCourt appuie cette analyse en rappelant que la valeur individuelle d’un club ne peut croître que si la valeur globale de la ligue progresse. Un raisonnement que Lens partage, mais auquel Paris oppose une autre logique :

« Le PSG ne joue pas la Ligue 1, il joue la Ligue des champions », ironise Oughourlian.

L’appel pressant à une refonte du système

Le dirigeant artésien précise que sa démarche ne vise pas Vincent Labrune personnellement, mais bien le modèle de gouvernance dans son ensemble. Sa revendication centrale concerne une redistribution plus juste des ressources, notamment des droits TV, actuellement perçus comme trop déséquilibrés.

Oughourlian tire la sonnette d’alarme :

« Certains clubs n’ont littéralement plus rien à mettre dans l’assiette. »

Cette fragilité budgétaire menace directement la compétitivité de la Ligue 1 et son attractivité internationale. Pour lui, seule une refonte en profondeur permettra de bâtir un football français durable, reposant sur la prospérité collective plutôt que sur les privilèges de quelques-uns.